Berthoul (de J. Boutet)

HOMMAGE à Monsieur BERTHOUL

Sous la pression de quelques compagnons des premiers âges, me voici amené à porter leur parole, et de celle de tous ceux qui vous ont tant aimé.

Nous vous avons, Monsieur Berthoul, conduit le 17 juin en terre béarnaise, Terre de « mission » pédagogique dès le 1er octobre 1948, puis d’adoption définitive; elle vous retient près de nous à jamais, et l’honneur que vous lui faite est bien grand.

Vous avez, avec la complicité de quelques-uns, échappé aux discours officiels, aux paroles de marbre…
Vous nous aviez si souvent protégés des fureurs des Très-Hauts, du temps de nos débordements les moins prévisibles que nous vous devions bien, à notre tour, cette ultime protection.
L’Auvergnat qui venait du froid mit quelque temps à se faire au climat « émollient », disiez-vous, et au discours béarnais courtois mais évasif…
Puis avec cette ténacité de granit que cachait bien votre apparence physique, vous avez fait de notre École
Normale, contre vents et marées, un espace de vie et de liberté, et de vos « normalos », ces paysans de Lescar,
plus que des individus à peu près présentables, des personnes.

Certes, le « Fays ce que vouldras », qui devait être, selon vous, la devise de cet ancien couvent des
Barnabites, pouvait devenir un « Fais n’importe quoi » au gré de troisièmes mi-temps par trop dégustatives. Et les punais (aurait dit Rabelais) de s’indigner, auxquels vous répondiez, à la première occasion tant soit peu officielle, par un « Je maintiendrai ! » définitif…

D’autres ont évoqué la palette de vos talents, l’éclectisme de vos curiosités, vous conduisant à des études aussi diverses que l’Anglais, la Physique, la Philosophie. Vos tâches trop lourdes et aussi le climat béarnais eurent raison de vos velléités agrégatives dans cette discipline: votre thèse aussi s’en alla en sueur… Et j’ai su, de votre
grognard le plus fidèle et le plus dévoué, qu’il vous fallait encore, il y a peu, dans le désordre biologique où vous plongeait la maladie, entendre quelques vers de la Légende des Siècles.

Tant de souvenirs cognent à la porte du cœur. Déjà, le moindre détour par Lescar les faisait émerger. Intacts ou déformés, douloureux ou joyeux, ils ne nous quitteront plus.
C’est bien la première fois, Monsieur le Directeur, que vous nous imposez une minute de silence.

J. BOUTET, promotion 46-50

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